Set fire to flames / sings reign rebuilder
Tracks #1-2
Ville abrupte, perçue dans les relents d'une pollution âcre - parfois des havres, une femme se tient au coin d'un porche, un jardin fleurit naïvement, un fleuve… Trop bu, trop fumé, la gorge est habitée, notre corps ne nous appartient plus qu'à moitié. Au loin, dans le sillage des vélos, on entend les cloches de la cathédrale, on pense aux voix que la mémoire a éteintes, et à ce pique-nique pris à minuit avant que la pluie ne se mette à tremper les rues, rincer les têtes, plonger les passants dans une soupe d'eau grise, tout le monde mis à la teinte uniforme de la ville foutue, plus personne n'y croit.
Se tenir sur le seuil de cette maison aux murs de bois, les pieds dans les feuilles d'arbre, le quartier fait un bruit qui n'en est pas, notre respiration seulement ou notre inquiétude, on a vu cela déjà, dans un rêve ou un conte de la crypte. Cet automne, c'est la couleur de l'âme en dedans. Des violons se recréent dans le silence et l'absence, des cordent grincent pour nous parler, quelque chose est possible déjà. Dans la poussière, tout bas. Dans la confidence du désastre. Dans la patience du sang. Nuit mélanome et la migraine nous fait entendre Dieu. Tout cela qui bat, l'eau perdue dans la salle de bains, la goutte du robinet qui ne se laisse pas arrêter, lentement on se trouve pressé par une grande nécessité, un ordre impérieux, mais de quoi faire, jusqu'à quelle nouvelle décision de l'instant.
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Hitchcock - 3 soundtracks
Plus personne sur la plaine, plus personne dans les champs. Temps mort, saison aride. Elle est seule dans sa maison immense, près de la côte où aucun bateau n'accoste, au milieu des labours qui attendent longtemps pour germer. Près du feu, elle ne peut que se souvenir. Sa compagnie : les choucas sur l'arbre.
Là, arrive Sir Richard, débonnaire, chaussé de hautes bottes de chasse, son épagneul au pied. Il sonne, s'installe, met de la boue sur les tapis, parle de ses aventures dans l'armée des Indes, elle n'y comprend rien mais rirait presque quand même. Ils allument la radio, l'écoutent silencieusement, après tout, que se dire. Ce n'est pas comme s'ils se connaissaient vraiment ; ils sont simplement voisins.
Gladys s'endort doucement dans son fauteuil voltaire. Sir Richard chauffe ses bottes, contemplatif, attentif aux propos du speaker. Ce n'est pas inintéressant. Sir Richard s'intéresse à beaucoup de choses ; à quoi s'intéresse encore Gladys ?